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Alain Simon

« Je préfère prendre le risque d’un échec à celui d’un regret »

Pour Alain Simon, la géopolitique apparaît comme une grille de lecture féconde des soubresauts du monde. Consultant, conférencier, animateur de séminaires d’aide à la prise de décisions, il fait notamment profiter de ses analyses des équipes de direction de grandes sociétés françaises ou étrangères et d’organisations professionnelles.

Alain Simon

Alain Simon, vous êtes aujourd’hui consultant et animez notamment des conférences et des séminaires d’aide à la prise de décision. Dans ce cadre, vous faites souvent appel à la géopolitique. Alors, si vous le voulez bien, commençons par trois questions en une : comment devient-on spécialiste de géopolitique, pour dire quoi, à qui ?

Pour parler sincèrement, je ne sais pas comment on devient spécialiste en géopolitique, les voies d’accès sont nombreuses, mais je peux dire comment je me suis personnellement « retrouvé » passionné par la géopolitique au point de vouloir en faire un domaine de compétence. Mes premières expériences professionnelles ont eu lieu à la COFACE où j’ai accompagné les entreprises françaises dans leurs efforts d’internationalisation. Nous leur proposions des garanties contre les risques auxquelles elles étaient exposées, nous analysions ces risques. Mais, en ce temps-là, nous ne regardions pas trop les événements politiques, on ne parlait pas de géopolitique qui pouvait balayer tous les risques, ceux que nous pensions bons comme ceux que nous jugions mauvais. J’ai donc petit à petit éprouvé l’envie de comprendre les événements et pas seulement de proposer des assurances contre ceux que nous ne voyions pas venir ! Je me suis alors mis à la recherche de grilles de lecture, d’outils de compréhension, et j’ai alors croisé la chemin de la géopolitique dont la pertinence m’est apparue féconde. Et c’est aujourd’hui devenu mon domaine d’intervention, principalement auprès des dirigeants d’entreprise mais également auprès de tous ceux que la confusion du monde inquiète. Je leur propose donc d’échanger un peu d’inquiétude contre davantage de compréhension.

Y a-t-il eu un fait, un élément déclenchant qui, un jour, vous a décidé à vous « lancer » à votre compte et à créer votre société ?

Ca se perd un peu dans la nuit des temps... Mais je crois me souvenir que je me suis assez vite lassé du statut de salarié et ai voulu voler de mes propres ailes, créer une activité qui me ressemble, plutôt que de consacrer beaucoup d’énergie à des querelles de personnes, des affrontements d’ego - et ils étaient légion dans une structure comme la COFACE ! J’ai attendu une promotion pour être certain qu’aucun dépit ne me motivait, et j’ai tiré ma révérence... Seul le président, un homme remarquable, a alors compris ma démarche...

En devenant consultant, quelles étaient vos aspirations ? Sont-elles aujourd’hui comblées ?

Je savais davantage ce que je ne voulais plus que ce à quoi j’aspirais... Je suis donc comblé de ce que je n’ai pas vécu, je n’envie aucun de mes amis qui sont restés salariés, et je suis également ravi de continuer à être actif et sollicité !

Vous animez des séminaires d’aide à la prise de décision… Vous arrive-t-il d’être associé, par des dirigeants d’entreprise, à la prise de certaines décisions - ou, pour poser la question d’une autre façon, êtes-vous impliqué dans la gestion stratégique d’entreprises ?

Je ne suis impliqué que très indirectement, en proposant à mes interlocuteurs des outils de compréhension du monde dans lequel ils doivent décider. Je ne connais vraiment mon implication que lorsque, après coup, au hasard d’une nouvelle rencontre, un dirigeant me glisse : «  Vous m’avez aidé, je n’aurais sans doute pas pris telle ou telle décision si nous ne nous étions pas rencontrés ».

Est-il facile de décider, et quelles qualités faut-il pour décider ?

Il va me falloir décider d’une réponse... et ce n’est déjà pas simple ! Décider pour une entreprise l’est évidemment encore moins. Ne serait-ce que parce qu’il s’agit de « tirer sur une cible en mouvement » et que rien n’indique qu’une décision prise à un instant donné continuera à être adaptée lors de sa mise en œuvre. On ne peut d’ailleurs ne jamais savoir si une décision a été la bonne ! On peut en revanche constater qu’une décision a été malheureuse. Mais qu’aurait donné un autre choix ? S’il faut suggérer une seule qualité, dans ce contexte, je parlerai d’humilité. Prendre une décision en se réservant la possibilité de changer si elle devait se révéler erronée.

Vous considérez-vous comme un entrepreneur et - quelle que soit la réponse - pourquoi ?

D’une certaine façon, je me considère sinon comme un entrepreneur, du moins comme quelqu’un qui entreprend. Pourquoi ? Sans doute parce que je préfère prendre le risque d’un échec à celui d’un regret. Un échec se surmonte.

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